Le chant du cygne du dressing

Dans son bureau de Buckingham, elle traite ses dossiers dans un silence de cathédrale pendant que passe la caravane des excentricités. Les dandys psychédéliques arpentent le macadam de Carnaby street. Les Chelsea Girl montrent leurs jambes dénudées par Mary Quant. La micro jupe de la princesse Anne créée le buzz. Sa mère ne dit mot. Il faut que jeunesse se passe. Les jupes royales restent de marbre, figées dans la longueur réglementaire. Forme trapèze, découpes hublots, col pelle à tarte, bottes blanches, teintes pétillantes, les classiques royaux empruntent aux codes des Seventies. Un témoignage avant-gardiste enrichit la galerie des portraits. Andy Warhol réalise une sérigraphie dans les tons pop. Mais rien n’y fait. L’icône de la cour tente de raviver la flamme en paraissant vêtue d’une tenue inhabituelle au gala des artistes. Sa robe arlequin déclenche une avalanche de critiques. Il faut se rendre à l’évidence : le style élisabéthain tombe en disgrâce. Les tenues old fashioned sont décrétées poussiéreuses. Les costumes de la maturité ne parlent plus aux jeunes générations. Le vestiaire ronronne. La reine fête ses 40 ans, puis ses 50, tout ce qu’elle étrenne semble démodé. Raide et glaciale, la dame de marbre ne fait plus rêver les foules sentimentales.

Pourtant, Sa Majesté a fière allure quand, en 1969, elle sacre Charles prince de Galles au château de Caernarfon. Pour l’événement, la modiste a conçu une œuvre d’art : une coiffe en soie et perles inspirée de celle des Stuart. Des secousses telluriques se font ressentir. Les Punk, emmenés par Sid Vicious, le leader des Sex Pistols, appellent à l’anarchie, vociférant qu’il n’y a plus rien de féerique au Royaume-Uni. La reine et la dame de fer appartiennent au vieux monde. Le groupe The Smiths donne le coup de grâce en intitulant un de ses tubes ‘’ The Queen is dead ‘’, bien classé au hit-parade des eighties.

Une lady de dix-neuf ans revampe l’institution millénaire. On ne parle plus que de Diana, de ses coiffures et de ses états d’âme. La princesse de Galles à la galerie Serpentine en robe dite ’’ de la vengeance ‘’ (dans la guerre que se livrent les Galles, l’épouse bafouée rétorque à coup d’effets de garde-robe) en pull à messages, en jean, en robe de bal, en tenue de fitness, dansant sur un tube de Billy Joel, Di décroche la une, détrônant la reine. L’eau coule sous London Bridge, Big Ben continue de marquer les heures. Et  vient le jour où Mrs Kelly se présente aux portes du palais avec des idées neuves.

Prochain épisode : La réhabilitation signée Angela

2 responses to “Le chant du cygne du dressing”

  1. Merci Lynda. J’avoue que moi aussi j’ai eu une période plus old fashion ds mon vestiaire. Et puis là j’approche les50 et je me dis stop habite toi moderne. Faut dire que le regard de mes ado me donne un fameux coup de fouet. Bref je comprends que le vestiaire de la reine a eu un moment de solitude 😉. Bon week-end à tous et toutes.

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