Sac et umbrella

Le style est dans le sac. 1968. La France fait sa révolution. A Londres, Elizabeth II trouve le graal chez le maroquinier Launer. Elle jette son dévolu sur un réticule minimaliste, léger, dépourvu de fermoir et de compartiment dont les grandes anses permettent le porté main. La reine le tient comme avant, calé dans le creux du bras. Une fois adoubé, elle ne le quitte plus. Le modèle Traviata a ses faveurs. C’est l’un de ses plus fidèles compagnons de route. Le personnel du palais la voit traverser les interminables corridors munie de son royal it-bag. Sans lui, ses tenues lui semblent incomplètes. Le garder près d’elle la rassure. Il lui devient consubstantiel et elle s’en sert aussi pour communiquer avec sa garde rapprochée. Il se murmure qu’un langage codé aurait été mis au point avec les services secret dans le but d’éviter les situations embarrassantes. Sa Majesté a plus d’un tour dans son sac !  Passé d’un bras à l’autre, il signifie qu’elle souhaite mettre un terme à une conversation qui s’éternise. Un conseiller intervient sur le champ, déclarant poliment qu’un archevêque aimerait l’entretenir. Posé sur la table, il sous-entend qu’elle veut prendre congé immédiatement. Annie Leibovitz, photographe de renom chargée de réaliser le portrait du 90 e anniversaire, se sert de l’accessoire culte pour décaler la composition de groupe. Gan-Gan (surnom affectueux que lui a donné le prince George de Cambridge) pose entourée de ses arrière-petits-enfants. L’insigne honneur de tenir l’accessoire iconique revient à Mia, la fille de Zara Tindall.

Une question est sur toutes les lèvres ? Que contient le sac de la reine d’Angleterre? On raconte que les femmes ont l’habitude de transporter leur maison avec elles. Autrement dit, qui fouille dans un sac féminin a besoin d’un GPS. Celui de la reine ne contient ni clefs, ni téléphone ni portefeuille. Il renferme ses indispensables et ses grigris. Il n’est pas rare de la voir plonger la main dedans pour se procurer son poudrier, son mouchoir brodé à son chiffre ou son rouge à lèvres. A côté du nécessaire de beauté, on trouve des pastilles à la menthe, un carré de chocolat, une grille de mots croisés, des biscuits récompenses pour chiens, un crochet pour le suspendre, des figurines chevaux et parfois un appareil photo pour tirer le portrait des VIP au cours de dîners privés. Son Traviata l’accompagne pour le dernier adieu à Philip. Il renferme un mouchoir appartenant au défunt ainsi qu’une photo des époux à Malte.

Aucun secret à attendre de ses parapluies. Elle prône la transparence.

  •  Quel temps fait-il en France ?  s’enquiert la reine auprès du président Hollande, venu lui rendre visite.
  •  Le même que chez vous, madame.

En bonne Anglaise, elle a toujours un parapluie transparent-« je dois être vue » de la marque Fulton, modèle cage à oiseau, gansé d’un liseré de couleur, bel écho chromatique à la tenue du jour.

Prochain épisode : Gants et pantoufles de vair

One response to “Sac et umbrella”

  1. Brillant article, comme on les aime. Quelle magnifique idée, Lynda, de nous présenter la Reine sous toutes les coutures !

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