L’âge heureux

Feuilleter l’album de l’enfance, c’est pénétrer dans un univers feutré. Une bulle dorée où les princesses s’habillent en petite fille modèle. Leur mère, la duchesse d’York, règne sur la garde-robe. Leur père aussi. Le futur George VI se passionne pour les tendances, dessine ses costumes et a son mot à dire dans le choix des vêtements de ses deux filles. Son épouse commande du pur style aristocratique anglais. Robes évanescentes aux volants victoriens, cotonnades fleuries assorties à des cardigans, manteaux de tweed, pulls shetland, kilt et babies vernies entrent dans le dressing. De savoureux chapeaux font leur apparition pour les grandes occasions. Une photo représente Lilibet en calèche. La petite-fille de George V étrenne un chapeau en feutre rose serti de fleurs. Si la coiffe est à croquer, il lui tarde de détacher la bride sous le menton qui lui gratte le cou. La fillette n’imagine pas un instant que sa collection vertigineuse de bibis fera couler beaucoup d’encre. Dans le parc de Windsor, la sœur aînée de Margaret électrise déjà les foules. Les invités de la garden-party du château de Glamis sont éblouis par la poupée de cinq ans, droite dans son pardessus, qui leur fait un brin de conversation. Les filles portent sans ciller les tenues qu’elles préparent le soir avec leur gouvernante. L’aînée ne manifeste aucun intérêt pour la mode. Les dentelles et les falbalas ne lui font pas tourner la tête. Après l’étude, elle passe son temps libre au grand air, court après les chiens, grimpe aux arbres, fait de la bicyclette et du poney.

Les Britanniques se prennent d’affection pour ces bibelots tirés à quatre épingles, rompus aux belles manières, demeurant au 145 Piccadilly Square. Les York forment une famille aimante et soudée. L’hôtel particulier est rempli de rires cristallins et de jouets. Les parents son enveloppants mais dispensent une éducation stricte. C’est le temps de l’innocence, des jeux au jardin, des robes romantiques. La bande des quatre coule des jours heureux jusqu’au jour où le destin vient toquer à la porte de la maison du bonheur. Edward VIII écoute son cœur. Il renonce au trône pour les beaux yeux d’une américaine : l’envoutante Wallis Simpson. Il y a du déménagement dans l’air…

Prochain épisode: Elizabeth II Regina

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