Charles III et Camilla d’Angleterre couvrent leur première visite d’Etat en France. Paris et Bordeaux leur réservent un accueil plein de ferveur. Demandez le programme.

Bienvenue à Paris ! Ils étaient 50.000 à applaudir Elizabeth II en 1957 dans les rues de la capitale. Seront-ils aussi nombreux en 2023 ? Un sondage Reuters indique que beaucoup de parisiens sont nostalgiques de la dernière reine. La République française déroule le tapis rouge à la Couronne. La France s’offre une semaine de rayonnement avec deux visites phares. L’une est royale, l’autre papale. La venue du monarque a pour motif principal la relance de l’amitié franco-britannique, abimée par les turbulences du Brexit, la crise migratoire et l’affaire des sous-marins australiens ( la Grande-Bretagne a conclu une alliance avec les Etats-Unis dans le dos de la France). Il faut réparer, d’autant que nos deux nations fêteront le 120e anniversaire de l’entente cordiale l’année prochaine.

Oubliés les concerts de casseroles, l’amoncellement de poubelles sur les trottoirs de Paname, suscités par la réforme du système des retraites. Prévu en mars, le voyage diplomatique a été reporté à des jours meilleurs. Du 20 au 22 septembre, le couple souverain entame le marathon Paris-Bordeaux. “Vous êtes venu en prince, vous revenez en roi”. Les mots du président Macron font allusion à la dernière visite sur notre territoire, du roi d’Angleterre (75e anniversaire du Débarquement commémoré à la cathédrale de Bayeux en 2019).

Un camion spécial devance le King. Il livre la Bentley, préférée à la Rolls car elle dispose d’une hauteur de plafond permettant à la reine de coiffer le bibi. Une question est sur toutes les lèvres. La Première dame se fendra-t-elle d’une révérence ? Le palais de Buckingham dit se contenter d’une poignée de main. La suite des aventures nous prouve le contraire. Accolades, embrassades…shocking ! La tactilité du président français choque la presse d’outre-Manche : on ne touche pas le roi. La messe est dite. Les intéressés ne réagissent pas. Tout semble appartenir au passé. Placée sous le signe de l’amitié, la visite royale entend célébrer les liens historiques et culturels, ainsi que la biodiversité. “Les deux chefs d’Etats entendent poursuivre leur engagement commun en faveur de la préservation de l’environnement”, ajoute la présidence. Un fil vert relie entre elles les étapes de la feuille de route ( musée d’histoire naturelle, forêt expérimentale peuplée de différents arbres afin de mesurer leur résistance au dérèglement climatique, rencontre avec le maire écologiste de la métropole girondine, vignoble bio). A Bordeaux, comme l’écrit ma consœur de Sud-Ouest, “les drapeaux et les cannelés sont prêts”.

Le show royal tient en haleine les chaines d’information. C’est Byzance ! Les hôtes du président Macron entrent dans un tourbillon d’activités. Trois jours et une partition millimétrée. Paris, capitale de la mode dévoile son savoir-faire à la reine Camilla. On lui organise un rendez-vous avec les artisans sponsorisés par la maison Chanel. Brodeuses, plumassiers, bottiers, gantiers livrent leurs secrets de fabrication. Une halte au Marché des fleurs réjouit le roi-jardinier qui aime parler à l’oreille des pétales de ses jardins. L’évènement le plus retentissant de ce périple est le dîner glamour donné au château du Roi Soleil. 180 convives triés sur le volet foulent l’interminable tapis rouge. Sir Mike Jagger fait exploser l’audimat. La palme de l’élégance revient à Carole Bouquet. La gastronomie française enchante palais et papilles. Aux pianos, Sophie Pic et Yannick Alléno s’affairent. Pierre Hermé hérite des desserts. Au menu des agapes : tourteau, homard bleu, volaille de Bresse-Charles a banni le foie gras de ses tables- gratin de cèpes. Un bleu anglais se glisse dans la farandole des fromages. De grands airs classiques émaillent la dégustation du beau monde. De l’avis du photographe Yann Arthus-Bertrand, “il manquait de vrais Français comme un boulanger, un postier ou un conducteur d’Eurostar, à la table royale.

Tout commence sur le tarmac de l’aéroport d’Orly. La Première ministre Elisabeth Borne scrute l’horizon. Soudain l’empennage peint aux couleurs de l’Union Jack se dessine dans le ciel sans nuage. Mais la météo n’a pas dit son dernier mot. Les passagers émergent de la carlingue. Le roi part à la rencontre des officiels, pendant que sa bien-aimée descend précautionneusement la passerelle. C’est un camaïeu rose dragée et un couvre-chef que seules les Anglaises ont l’art de porter. Le manteau Fiona Clare et le chapeau Philip Treacy sont dignes du grand prix d’Ascot.

Le vent nous dit que la reine Camilla ne leste pas ses ourlets et qu’elle a oublié un accessoire capital : l’épingle à chapeau. Les bourrasques offrent à la presse la fameuse séquence dite “à la Marilyn”. Camilla redouble de prouesses en essayant de maintenir la robe et la coiffe. La nuance de bocal à bonbons de sa toilette ne fait pas mentir la réputation de rose anglaise qui colle à la peau des dames de la cour. Charles III, roi du style, porte un de ses impeccables costumes coupés à Savile Row. Le cortège rejoint l’Arc de Triomphe où doit se tenir le ravivage de la flamme du Soldat Inconnu. La reine et madame Macron délivrent leur version de la mode protocolaire : ligne évasée made in UK ; droite et structurée made in France. Un photographe avisé capte le regard de la souveraine sur les stilettos vertigineux de notre First Lady.

Revenons à Versailles. Les VIP ont pris place. Dans les chaumières françaises, on se prend à rêver d’une tiare. La limousine surmontée du Royal Standard dépose ses passagers à fleur de red carpet. Le bleu est mis. Il tisse la belle entente. Sa Majesté s’est “endiorisée”. Le diadème est resté dans l’écrin. Au grand dam de ses admiratrices, les diamants de la reine n’incendient pas la Galerie des Glaces. La soirée est codifiée black tie. Cela n’empêche pas Sa Majesté de dégainer une parure assortie à sa robe cape saphir. Autre clou du spectacle, le toast porté par le roi d’Angleterre. Il le déclame de sa belle voix chaude, dans un français limpide. Le monarque met l’accent sur “les défis du XXIe siècle à relever ensemble”, “la volonté commune de protéger notre précieuse planète” et “notre nouvelle amitié qui se redynamise”. L’année prochaine, nos deux nations fêteront le 80e anniversaire du Débarquement. L’autre discours prononcé au Sénat lui vaut une ovation debout des parlementaires.

Que va porter la reine par la suite ? Un autre manteau blanc Fiona Clare coordonné à une robe noire et blanche, avec les accessoires emblématiques de la rue Cambon-un sac poignée et des escarpins bicolores-plus une broche Cartier, diplomatie du vestiaire oblige. Madame Macron, quant à elle, se sangle dans une veste en tweed Chanel et opte pour le pantalon. La reine garde le meilleur pour la fin. A la surprise des rédactrices de mode, elle propose un imprimé original, lors de son dernier engagement parisien. J’y étais ! J’ai vu le motif animal ou camouflage de sa robe en soie. J’ai obtenu mon accréditation pour l’entretien informel au Palais de l’Elysée. Je rejoins le pool presse. La cour se prépare. A l’extérieur et à quelques mètres seulement, l’escorte motorisée est sur le départ. Les pas de la garde républicaine résonnent sur les graviers. Il a plu copieusement et sans discontinuer toute la journée. Le roi arrive sous l’embellie. La Bentley franchit l’arche et roule au pas. Elle s’immobilise en bas des marches. Le quatuor se fige pour la photo de famille. Quand ils remontent en voiture, j’attends que le véhicule arrive à ma hauteur. Je leur fait coucou. La reine incline la tête, me sourit et me salue. Le roi fait de même. Dans l’assistance, je suis la seule à leur dire au revoir. Les photographes sont trop occupés à mitrailler la fin de la réunion au sommet. Charles et Camilla ne se souviendront pas de moi. Mais moi, je ne les oublierai pas.

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Destination Bordeaux ! La capitale de la Nouvelle-Aquitaine, jumelée avec la ville de Bristol, signe le clap de fin. Alexandra, fidèle abonnée du Boudoir de KM, est sur place dès 10h30. Elle sympathise avec d’autres fans. Un monsieur se rapproche de la foule, porteur du message suivant: le roi déteste que l’on tende son smartphone devant lui. Alexandra retient la leçon et range son téléphone dans sa poche. Le souverain et sa reine de cœur remontent l’allée de la mairie au son des Indes Galantes. Pas le temps de déjeuner ni de goûter aux célèbres cannelés. La pluie s’invite au moment de la montée à bord de la frégate Iron Duke. On ressort les parapluies. La reine a prévu un trench Burberry.

Quatre heures montre en main. C’est le temps qu’aura duré l’excursion bordelaise. Leurs Majestés ne repartent pas les mains vides. Ils emportent avec eux l’édition originale des Contes de Charles Perrault, des pots de miel issus de la ruche du Sénat, une pochette prune Louis Vuitton etc…Outre-Manche les deux Jack Russell s’impatientent. Ils attendent le retour à la maison de leurs propriétaires de pattes fermes.