« Il y a deux sortes de soldats, ceux qui sont morts et ceux qui vont mourir », hurlait le général Norman Cota à ses troupes le 6 juin 1944.
Le général Eisenhower consulte les bulletins météo: ce sera le 6 juin. Il y a 70 ans, la météo était mauvaise et la défense allemande très active. 5000 navires, 10.000 avions, 155.000 hommes. Sortis de l’eau avec un paquetage de 30 kilos, beaucoup se sont noyés. 11 semaines plus tard, Paris est libéré.
Les chefs d’états ont abandonné un instant les dossiers brûlants pour faire le voyage vers les côtes normandes. Tous ont rendu un vibrant hommage aux libérateurs: soldats, travailleurs de l’ombre, civils et vétérans. Caen devient un point rouge sur la carte de guerre: durant 34 jours, plus de 40000 tonnes de bombes sont lâchées. Le 9 juillet 1944, Caen est libéré mais 2000 morts sont enfouis sous les ruines. Sur terre, en mer et dans les airs, les troupes ont repoussé les tirs de l’artillerie allemande.
« Nous célébrons une date mémorable de notre histoire ou nos deux peuples se sont confondus (…) Utah, Omaha, Gold, Juno, Sword, tous ces noms évoquent la souffrance, la gloire et la cruauté », proclame président Hollande au cimetière de Colleville-sur-Mer.
Sur une idée des artistes Jamie Wardley et Andy moss, créateurs du projet The Fallen 9000, neuf mille silhouettes ont été dessinées sur le sable normand pour symboliser ceux qui sont tombés.
70 ans après, sous un soleil éclatant, la famille royale et les chefs d’états se déploient vers les sites du souvenir: cérémonie religieuse franco-britannique à la cathédrale de Bayeux en présence du prince Charles en grand uniforme, de la duchesse de Cornouailles, radieuse dans un manteau blanc à godets et du premier ministre David Cameron, venu avec son épouse Samantha, très chic dans un tailleur années 40.
Au Mémorial de Caen, le président Hollande salue les civils. Une cérémonie nationale franco-américaine se tient au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, concession perpétuelle américaine. Le président Barack Obama accueille le chef d’état français. Avec une demi-heure de retard sur le planning des événements, due à l’aparté entre le président Poutine et le président ukrainien, les délégations prennent place sous le chapiteau de la cérémonie internationale de Sword Beach.
Au son de la fanfare qui interprète les airs de Glenn Miller et du Bebop, les invités font leur entrée sur le tapis rouge de Ouistreham: le président François Hollande, le président Barack Obama, qui a fait sauter l’applaudimètre – seuls la reine Elizabeth, le prince Philip et les présidents français et américain ont salué les vétérans, en arrivant à Ouistream – le prince Charles et la duchesse de Cornouailles coiffée d’une capeline de grande envergure, très pratique sous un soleil de plomb, le prince Albert de Monaco, venu sans la princesse Charlène qui attend un heureux évènement, le roi et la reine des Belges Philippe et Mathilde, le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas (en jaune) qui n’avait pas plombé ses ourlets, les souverains luxembourgeois, Tony Abott, premier ministre d’Australie, le premier ministre canadien Stephen Harper et la reine Elizabeth, qui suivant les usages a refermé le défilé des invités. Les hauts dignitaires ont assisté à un spectacle son et lumière, danses, images d’archives, survol de Dakota et projection de quatre tableaux sur écrans géants: le débarquement, la libération, la paix en Europe, la paix dans le monde.
Point d’orgue des cérémonies du 70ème anniversaire du débarquement allié, la venue du duc et de la duchesse de Cambridge, en France pour leur première visite officielle. Très attendus par leurs admirateurs français, William et Kate (en manteau de crêpe Alexander McQueen vu au Mémorial de Belheim le 10 avril, Salsa Fascinator Sylvia Fletcher, pochette Mulberry Bayswater et Vikki Pumps Jimmy Choo) sont arrivés à 17h, pile à l’heure, à l’aéroport Carpiquet de Caen. Ils ont pris le thé en compagnie des vétérans. Quand Catherine s’est assise à côté d’Arthur Jones, 88 ans, celui-ci lui a demandé: « est-il possible de faire la bise à une princesse? » « Bien sûr que oui », lui a répondu la duchesse.
Puis ils se sont rendus au musée du débarquement d’Arromanches. Un historien leur a donné plus de détails sur le DDay. Les Cambridge ont achevé leur visite à Gold Beach, terrain d’opération sur lequel les troupes britanniques construisirent un port artificiel qui servit à l’acheminement des renforts et du matériel. Une cérémonie religieuse a été célébrée et le duc William a prononcé un discours: « il est vital que la jeunesse et les gens de ma génération n’oublient jamais ce sacrifice ».
Le temps a coulé. Les navires dorment au fond de l’Atlantique. Dans les canons nichent des poissons. Sur les plages, les bunkers nous rappellent la présence terrifiante de l’occupant. Les estivants ont remplacé les soldats. Désormais les parasols et les chars à voiles multicolores se partagent le bord de mer. Ne jamais oublier ceux qui se sont sacrifiés pour que vive la liberté.
Photos Reuters/AFP/Getty Images/Jamie Wiseman For The Daily Mail/Mark Cuthbert/UK Press
Tant de souffrances pour regagner notre liberté.